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Titre 1 : Intervention en conscience phonologique et nom des lettres comme remédiation auprès d’élèves de cycle 3 en difficulté de lecture
La conscience phonologique, qui est la connaissance consciente des unités qui composent un mot à l’oral, ainsi que la connaissance des lettres sont deux prédicteurs d’un apprentissage de la lecture réussi au CP.
Problématique : Notre recherche longitudinale interroge la transposition de ces prédicteurs en remédiateurs auprès d’élèves de cycle 3 en difficulté de lecture.
Cadre théorique : De nombreux travaux scientifiques montrent une corrélation entre le niveau de conscience phonologique et la réussite de l’apprentissage de la lecture (Morais, 1994). La connaissance du nom des lettres pourrait contribuer à l’acquisition première de la lecture (Foulin, 2007).
Méthodologie
- Phase 0, exploratoire (2007-2009)
Objectif : vérification de la plausibilité de la transposition des prédicteurs en remédiateurs.
Échantillon : 446 élèves de CE2, CM1 et CM2. Évaluation individuelle en conscience phonologique en septembre 2007. Évaluation de la connaissance du nom des lettres dans 4 classes de CM1-CM2. Entraînement en conscience phonologique dispensé par les maîtres 2 fois par semaine. Les trois fichiers de jeux ont été conçus selon un protocole par d’autres enseignants et le chercheur (opérations sur les syllabes, les rimes et les 10 phonèmes les plus fréquents).
2. Phase 1, traitement statistique (2011-2014)
Objectif : opérer un traitement statistique des données permettant la comparaison des 3 groupes (témoin, 63 élèves ; expérimental Conscience Phonologique 125 élèves ; expérimental Conscience Phonologique Nom des Lettres, 112 élèves).
Résultats : en phase 0, les résultats montrent que les élèves en grande difficulté ne maîtrisent pas la notion de mot et ont peu de conscience rimique. Ils étaient 36 élèves lors de l’évaluation initiale et 25 après l’entraînement. Les progrès sont visibles, soit dans les opérations concernant les syllabes, soit dans les opérations concernant les rimes.
32,26% des élèves ne maîtrisent pas le nom des 26 lettres. D’une manière générale, 4,12% des élèves en grande difficulté sur les 13,48% sont sortis de cette catégorie.
En phase 1, un élève de CE2 sur deux ne connait pas la totalité des lettres de l’alphabet.
Nous proposons d’exposer les premiers résultats statistiques de la phase 1 montrant que l’entraînement a un effet positif pour les groupes expérimentaux tandis que le groupe témoin ne progresse pas par la seule scolarisation. Le taux d’amélioration des performances linguistiques est supérieur chez les élèves du groupe ECP que chez les élèves du groupe témoin (100% vs 38%) [ pFisher exact < .01]. On constate que la différence est aussi significative entre le groupe ECPL (88%) et le groupe témoin [ pFisher exact < .01].
Bibliographie
- Briquet-Duhazé S. (2013). Entraînement de la conscience phonologique et progrès en lecture d’élèves en grande difficulté. Paris : L’Harmattan.
- Foulin J.N. (2007). La connaissance des lettres chez les prélecteurs : aspects pronostiques, fonctionnels et diagnostiques. Psychologie Française, 52, p. 431-444.
- Morais J. (1994). L’art de lire. Paris : Odile Jacob.
Titre 2 : Enseignement de la lecture au CP et gestes professionnels de professeurs des écoles novices
Cette communication se propose de présenter la troisième phase d’une recherche sur le développement professionnel de professeurs des écoles débutants, dans et par l’enseignement de la lecture dans la classe de CP.
Problématique : comment les professeurs des écoles débutants apprennent-ils à enseigner la lecture aux élèves de CP ? Comment construisent-ils leur identité professionnelle ?
Cadre théorique : nous définissons la professionnalisation comme relevant « de l’intention de « mise en mouvement » de ses personnels. Pour cela, elle propose des dispositifs de formation particuliers. Le développement professionnel relève de la dynamique de développement que met en œuvre un individu au fil des situations de travail et de formation qu’il rencontre » (Wittorski, Briquet-Duhazé, 2009). Bucheton et Dezutter (dir., 2008) relient professionnalisation et didactique du français en termes de gestes professionnels, didactiques spécifiques. Bucheton (dir., 2009) pose la question des gestes professionnels ajustés caractérisant la réactivité de l’enseignant en classe au travers des situations didactiques
Méthodologie : elle se centre sur l’observation de séances de lecture effectuées par 4 stagiaires ayant la charge d’un CP à cours unique.
Résultats :
Les savoirs disponibles : les savoirs didactiques sur la lecture et son apprentissage : étude de sons, la compréhension, la phonologie, les unités des mots, la production écrite… et une volonté de différencier les exercices de lecture en fonction du niveau des élèves.
Les savoirs manquants : une grande difficulté à poursuivre la gestion de la totalité de la classe lorsque le novice s’adresse à un élève particulièrement et la gestion du temps réel des apprentissages, soit l’efficacité et la portée des exercices.
Si nous reprenons l’expression de Bucheton (2009), il n’y a pas de geste professionnel d’ajustement proposé par trois stagiaires concernant le fond sonore. Il y a même quasiment geste professionnel d’ignorance quant au bruit. Nous définissons donc le geste professionnel d’ignorance lorsque, face à la situation qui ne peut qu’être saisie, perçue par le débutant (ici le fond sonore important ; mots lus par des élèves alors que le stagiaire les définit par deux fois comme inconnus), il n’y a pas réactivité, encore moins ajustement, adaptation mais ignorance dont on peut supposer qu’elle semble la réponse la plus appropriée au fait que le débutant ne sait pas comment prendre en compte cet évènement mais dont l’importance lui semblera toujours moindre que celle de poursuivre un enseignement aussi fondamental que celui de la lecture. Ce qui rejoint l’analyse de Chouinard (2000) lorsqu’il dépeint les représentations des débutants comme étant articulées autour d’informations de surface, des impressions. Ici, l’impression du novice est définie par le fait que si sa séance de lecture se déroule comme prévu dans sa préparation écrite, son métier est correctement exercé ; les maîtres chevronnés utilisent davantage les inférences propres à la mise en œuvre réelle du prévu. D’où ces gestes professionnels d’ignorance, du point de vue social, perceptibles comme maintien d’un certain équilibre précaire entre ce qu’il bon de faire (appris en formation) ce qu’il est bon d’apprendre à faire (en situation) et ce pour quoi le novice travaille : apprendre à devenir un professionnel de l’enseignement de la lecture. Du point de vue du développement professionnel en lecture, nous oscillons entre le stade de survie de l’enseignant et la centration sur la tâche didactique ; sorte d’aller-retour continuel plus qu’une succession des deux stades décrits par Beckers (2008) ou Kagan (1992) qui précise que l’apprenant ne se centre sur la tâche que lorsqu’il a dépassé partiellement voire totalement le stade de survie.
Bibliographie
- Briquet-Duhazé S. (2013). Développement professionnel et enseignement de la lecture au CP. Paris : L’Harmattan.
- Bucheton D. (dir.) (2009). L’agir enseignant : des gestes professionnels ajustés. Toulouse : Octarès.
- Bucheton D., Dezutter O. (dir.) (2008). Le développement des gestes professionnels dans l’enseignement du français. Un défi pour la recherche et la formation. Bruxelles : De Boeck.
- Wittorski R., Briquet-Duhazé S. (2009). Dynamique de professionnalisation/ développement professionnel des enseignants : étude comparative entre les premier et second degrés in Goigoux R., Ria L., Toczek-Capelle M.C. (Dir.). Les parcours de formation des enseignants débutants, Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise Pascal, p.45-60.
Biographie
Sophie Briquet-Duhazé, Maître de Conférences HDR en Sciences de l’Éducation, Laboratoire CIVIIC, ESPE de l’Académie de Rouen
