SOUPRAYEN-CAVERY Logombal

Titre : Intervention éducative et contextualisation de l’enseignement-apprentissage du français à La Réunion

Mots clés : sociodidactique – enseignement-apprentissage du français en milieu créolophone – la langue créole de La Réunion – compétences plurilingues – pratiques langagières – représentations linguistiques

La grande majorité des travaux (Prudent, Tupin & Wharton, 2005) portant sur l’enseignement-apprentissage du français à La Réunion insistent sur la nécessité de faire une place à la langue et à la culture créoles dans les démarches didactiques de l’école réunionnaise, pour que les élèves obtiennent de meilleurs résultats en langue française. Aujourd’hui, quatre dispositifs sont mis en place par l’Académie de La Réunion pour la langue vivante régionale : la sensibilisation à la langue vivante régionale, l’enseignement du français en milieu créolophone, l’enseignement de la langue vivante régionale et l’enseignement bilingue. Ce dernier dispositif académique rencontre des difficultés pour se développer du fait que l’accord des parents est obligatoire pour l’ouverture d’une classe bilingue. En effet, même si l’étude des pratiques langagières réunionnaises (Souprayen-Cavéry, 2010) a mis en évidence le passage de la diglossie à l’interlecte (Prudent, 1981), nombreux sont les parents et les enseignants qui ont des représentations diglossiques des langues. En d’autres termes, même si ces locuteurs pratiquent quotidiennement la langue créole, ils n’en font pas usage dans une situation formelle telle que l’école. La question de la place de la langue créole dans la société réunionnaise et notamment à l’école amène presque toujours à des débats passionnés, même parfois conflictuels. Dans ce cas, la mise en œuvre d’une contextualisation de l’enseignement-apprentissage du français ne pourra se faire sans une modification des représentations des futurs enseignants à l’égard de la langue créole. De quelle manière est-il possible d’intervenir auprès des futurs enseignants dans le but de changer leurs représentations et leurs attitudes linguistiques ? Dans quelle mesure la modification des représentations des futurs enseignants a-t-elle un impact sur celles des « locuteurs réunionnais » (Danielle Moore, 2001) ?

Les unités d’enseignement qui ouvrent la voie à un chantier spécifique dédié à la contextualisation de l’enseignement-apprentissage du français, dans lesquelles nous intervenons à l’ESPE de La Réunion, sont l’occasion pour nous de proposer un dispositif de formation permettant d’intervenir sur les représentations des futurs enseignants de La Réunion. En effet, nous avons invité nos étudiants (en Licence 3ème année « Futurs Professeurs des écoles », en Master (MEEF) Métiers de l’éducation de l’enseignement et de la formation) se préparant à devenir enseignant à La Réunion, à réaliser de différentes manières (à l’oral, par écrit, sous la forme d’un poster) leurs biographies langagières. Cet outil sociodidactique (Dompmartin-Normand, 2007) invitant le futur enseignant à questionner les expériences de son histoire langagière lui permet de comprendre son présent langagier et bien souvent d’admettre qu’il a des compétences plurilingues.  L’analyse de contenu des biographies langagières recueillies sous la forme de récit écrit et de poster, nous permettra de repérer des indices de changements qui se sont produits dans les représentations des futurs enseignants de La Réunion et de rendre compte de l’impact (ou non) de l’intervention éducative de l’équipe de formateurs de l’ESPE sur les représentations des futurs enseignants.

Références bibliographiques 

  • DOMPMARTIN-NORMAND Chantal, 2007, « Un outil sociodidactique écologique pour la classe de langue : les (auto)biographies langagières », dans P. Lambert, A. Millet, M. Rispaille et C. Trimaille, Variations au cœur et aux marges de la sociolinguistique, Paris, L’Harmattan, pp. 247-257.
  • MOORE Danièle, 2001, Les représentations des langues et de leur apprentissage : itinéraires théoriques et trajets méthodologiques, Paris, Editions Didier.
  • PRUDENT Lambert-Félix, 1981, « Diglossie et interlecte » dans Langages n°61, pp. 13-38.
  • PRUDENT Lambert-Félix, TUPIN Frédéric et WHARTON Sylvie (édit.), 2005, Du plurilinguisme à l’école. Vers une gestion coordonnée des langues en contextes éducatifs sensibles, Berne, Peter Lang.
  • SOUPRAYEN-CAVERY Logambal, 2010, L’interlecte réunionnais : approche sociolinguistique des pratiques et des représentations, Paris, L’Harmattan.

Biographie 

Logambal Souprayen-Cavéry est maître de conférences en sciences du langage à l’ESPE de La Réunion. Membre de l’équipe Icare (Institut coopératif austral de recherche en éducation), elle mène des recherches sur le contexte sociolinguistique de La Réunion et ses incidences didactiques, l’enseignement-apprentissage du français en milieu plurilingue, les situations de contacts de langues et la description de la langue créole de La Réunion.

 

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