PERREAU Joëlle

Titre : De la pertinence de l’intervention des formateurs auprès des enseignants de langues du cycle 1 aux Seychelles : vers une didactique du plurilinguisme

Mots clés : formation initiale – enseignement précoce de langues – didactique plurilingue

La décision constitutionnelle seychelloise est traduite dans sa politique éducative : le créole, l’anglais et le français sont enseignées dans le système éducatif seychellois.  La volonté du Gouvernement est de parvenir à un « trilinguisme équilibré » et, pour l’atteindre, de fournir un effort particulier en faveur de la langue française, dont l’usage est moins répandu que celui des deux autres.  Sur le terrain, cette approche curriculaire oblige les enseignants généralistes du premier cycle à introduire les trois langues nationales simultanément.  Mais, si l’enseignant ayant à dispenser les cours au quotidien n’est pas « bien » formé, le succès de cette décision politique verrait difficilement le jour (Chatry-Komarek & Lezouret ; 2007 : 81).  Notre constat de départ est que la formation initiale actuelle s’appuie principalement sur un modèle successif, cloisonné, et on note un écart non négligeable entre ce qui est proposé dans les programmes de formation initiale et ce dont les enseignants ont réellement besoin sur le terrain.  Ainsi se pose la question de la pertinence de l’intervention des formateurs de l’École de l’Éducation des Seychelles auprès de ces enseignants généralistes en formation initiale.

L’objectif de la présente communication vise, en premier lieu, à comparer les offres de formation aux exigences de la réalité quotidienne des enseignants, et, en second lieu, à mettre en évidence les points forts et les points faibles de cette situation didactique particulière tout en signalant les nouvelles perspectives envisagées par le ministère de l’éducation.  Les questions qui seront posées concernent, essentiellement, la fiabilité et la justification de l’organisation choisie pour les programmes de formation : est-ce que l’approche cloisonnée apporte suffisamment de savoirs et de savoirs faire aux enseignants du C1 ?  Est-ce que les modules proposés préparent réellement ces derniers à faire face aux demandes, attentes et exigences didactiques, pédagogiques et méthodologiques de leurs classes ?  Comment rendre les interventions des formateurs plus efficientes ?

Notre réflexion se fonde, principalement, sur un recueil de données conduit dans le cadre d’un travail de thèse en préparation pour 2014.  C’est un recueil croisé avec plusieurs types de données : programmes de formation, enquêtes auprès des étudiants, analyse de contenu à partir des entretiens semi-directifs avec des enseignants, coordonnateurs pédagogiques, directeurs d’écoles et formateurs.  Cette étude s’appuie, également, sur les théories concernant la formation des enseignants dans un contexte plurilingue (Calaque, 1997 ; Porcher & Groux, 2003 ; Castellotti, 2001…).  Les premiers résultats montrent un décalage parfois important entre la formation offerte à l’École de l’Éducation et les besoins des enseignants sur le terrain.

Cette compréhension inciterait, donc, à concevoir une nouvelle offre de formation tenant compte des effets de contextualisation, inspirée, d’une part de la politique éducative, et d’autre part, des réalités quotidiennes de la classe.  En ce sens, les résultats de cette étude renforcent l’importance d’une réflexion plus holistique sur les moments, les types et la crédibilité de l’intervention des formateurs auprès des enseignants exerçant dans un système plurilingue précoce particulier.  Subséquemment, dans cette communication, sera proposé un essai de modélisation vers une didactique du plurilinguisme au C1 aux Seychelles.

Bibliographie 

  •  CALAQUE, E. (1997).  Enseignement précoce des langues vivantes : conception des stages de formation, Pages 74 – 82, in CALAQUE, E. (Éditrice) (1997). L’enseignement précoce du français langue étrangère : bilan et perspectives.  Grenoble, Publication du Laboratoire LIDILEM, 176 p.
  • CASTELLOTTI, V. (2001) « Retour sur la formation des enseignants : quelle place pour le plurilinguisme ? » in PUREN, Ch. (Ed) Etudes de linguistique appliquée 123-124, 365-372.
  • CHATRY-KOMAREK, M.  (Coord.),  (2010).  Professionnaliser les enseignants de classes multilingues en Afrique.  Paris : L’Harmattan, 259 p.
  • PORCHER, L. & GROUX, D.,  (2003).  L’Apprentissage précoce des langues.  Paris : Presses Universitaires de France, 127 p.

Biographie 

Doctorante en dernière année, dirigée par le Professeur Daniel Véronique, Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.  Titre envisagé : « L’enseignement précoce des langues aux Seychelles : projecteur sur la formation des enseignants. » Titulaire d’un DEA en Linguistique, Didactique et Sémiotique – Université de Franche Comté, Besançon, 2004

2010 – aujourd’hui : Enseignante de Linguistique et de Didactique – l’Université des Seychelles. 2005 – 2009 – Formatrice aux départements de langues et des TICE – l’Institut de l’’Éducation des Seychelles 1997 – 2005 : Enseignante de français – Ministère de l’Éducation des Seychelles

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