Arnaud CARPOORAN

Carpooran Linguiste, spécialiste des langues créoles, Maître de conférence à l’Université de Maurice. Arnaud Carpooran est l’auteur d’ouvrages tels que Le fait créole à Maurice. En 2005, il a entamé la publication d’un Diksioner morisien (le premier dictionnaire du créole mauricien) en plusieurs volumes aux éditions Bartholdi. 

L’intervention linguistique dans le champ scolaire à l’île Maurice : autour de la langue créole, mouvements et impacts.

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Résumé

Après plus de deux siècles d’existence et quatre décennies d’âpres luttes en faveur de la reconnaissance officielle des enjeux politico-idéologiques, socio-pédagogiques et scientifiques du créole mauricien, le Kreol Morisien (désormais KM) est considéré comme une langue à part entière depuis mai 2011. A l’île Maurice, le ministre de l’Education nationale a procédé à son lancement officiel à travers un rapport sur l’orthographe « Lortograf Kreol Morisien (LKM) » qui émane de l’Akademi Kreol Morisien (AKM), sorte de commission technique nationale mise sur pied en octobre 2010 par le gouvernement dans le sillage des élections législatives de cette même année. La perspective était de rendre possible l’introduction formelle du KM à l’école en tant que matière optionnelle, conformément à un engagement pré-électoral.

Traduite dans les faits depuis janvier 2012 dans l’ensemble des écoles primaires de la République de Maurice, cette « intervention linguistique » de la part de l’Etat voit, pour l’instant et au quotidien, ses effets se déployer loin des projecteurs médiatiques et des débats scientifiques. L’intervention a pourtant modifié (et continue de le faire) la place qu’occupait le KM dans les représentations et les pratiques des Mauriciens à et en dehors de l’école. D’une part, du côté de la position du créole mauricien dans les relations diglossiques qui le liaient avec les autres langues de l’écosystème sociolinguistique de Maurice, en particulier les deux langues européennes (l’anglais et le français) héritées de l’ère coloniale. D’autre part, du côté des modalités sociodiscursives entre le même et l’autre dans une société empreinte de diversités et de pluralités linguistiques et culturelles.

A partir de quelques études de cas, nous proposons de faire un état des lieux des modifications récentes en nous appuyant autant sur nos observations propres, à la fois comme descripteur et comme acteur de cette intervention, mais aussi à partir d’infirmations de terrains obtenues auprès de ceux qui sont les plus directement concernés depuis deux ans : les enseignants du KM en cycle primaire, leurs collègues enseignants dans d’autres matières, les parents d’élèves ayant choisi le KM comme matière linguistique optionnelle, les élèves inscrits dans les classes de KM, les formateurs d’enseignants du KM à l’Institut de pédagogie.

Mots clés : intervention linguistique ; créole mauricien ; représentations et pratiques linguistiques

 

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