PETIT Christian

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Titre : L’intervention et ses enjeux psychanalytiques en éducation

Mots-clés : acte – entéléchie – contre-transfert professionnel

Ce travail se veut une contribution à l’approche psychanalytique de l’intervention dans le champ de l’éducation. Espace privilégié du lien entre théorie et pratique, réflexion et action, laboratoire et terrain, l’intervention est au cœur des expressions majeures de la vie humaine. A la fois méthodologique, éthique et pratique, l’intervention sera définie dans un sens original apparenté à la psychosociologie comme acte qui vise  à faciliter un changement, une amélioration non seulement dans les relations humaines et dans les organisations mais aussi au sein du psychisme d’un sujet humain déterminé. Ayant retenu un cadre théorique issu des concepts de la psychanalyse et de la philosophie, je me suis attaché à problématiser l’intervention comme un acte qui est l’essence radicale de l’être et non pas une simple opération qui s’ajoute à l’être. C’est alors que le concept d’entéléchie (Aristote)  entendue comme puissance active de l’être en acte, trouvera toute sa pertinence pour approfondir un aspect subtil du sens de l’intervention.

Cette recherche vise  à explorer les manifestations de l’intériorité psychique de l’enseignant inhérentes à l’acte même d’enseigner. L’hypothèse que je pose (Blanchard-Laville, Chaussecourte, 2012) est qu’il existe une nette sous-estimation des enjeux psychiques inconscients du professeur liés à sa biographie personnelle et professionnelle, à ses constructions qui ont élaboré son rapport au savoir, au déni institutionnel de la souffrance psychique sécrétée par l’évolution actuelle du métier et la dysnomie ambiante… La problématique retenue dans cette recherche sera formulée ainsi : comment, en ayant travaillé plusieurs années comme formateur  en psychologie (IUFM Réunion) et animateur de groupes d’analyse de pratiques professionnelles d’inspiration psychanalytique (Balint, 1982) (Blanchard-Laville, 1998), j’ai étudié  les représentations que les enseignants ont de l’intervention ?  Je présente les résultats d’une investigation des récits de situations cliniques groupales réalisée auprès de cinq enseignants (trois hommes et deux femmes, d’une moyenne d’âge de trente ans) professeurs certifiés-stagiaires de physique en poste à La Réunion et ayant tous une expérience d’une demi-douzaine d’années d’enseignement. Appliquant le principe de confidentialité, le recueil des données a été effectué par retranscription des récits à partir d’enregistrements audio des séances et d’un texte écrit par les participants eux-mêmes.

Etant rattaché à l’ESPé depuis 2013 comme formateur, j’ai défini un nouveau cadre de recherche qui reprend cette même problématique destinée cette fois aux professeurs du second degré formés au tutorat : comment l’enseignant se situe par rapport à son implication dans son intervention comme tuteur?

Le deuxième recueil des données a été rassemblé à partir d’une soixantaine d’entretiens semi-directifs menés auprès des professeurs tuteurs stagiaires du second degré de l’académie de La Réunion au cours de leur formation. Une fois retranscrits, ces entretiens ont fait l’objet d’une analyse de contenu thématique (Bardin, 1977).

Les résultats se situent dans une perspective méthodologique de travail d’accompagnement clinique de la pratique enseignante et visent à examiner quelques facettes de la psyché intérieure du sujet enseignant, à repérer les traces de son engagement , mais aussi ses mises en retrait, ses modes de résistance, ses appels à la re-narcissisation de son métier, les représentations de son identité professionnelle…La question radicale que pose finalement l’intervention  en tant qu’acte et qui est en jeu dans la psyché de l’enseignant, mais aussi dans celle de l’éducateur, du thérapeute et du psychanalyste pourrait être celle-ci : « Que me veut l’Autre » ? Et à travers cette question, surgit l’idée que nos fonctionnements professionnels dans l’exercice de la pratique sont en grande partie déterminés à notre insu par l’inconscient. C’est précisément à ce niveau qu’apparaît l’incontournable nécessité d’un travail d’élaboration psychique de nos pratiques professionnelles. Ce que cette recherche permet de constater, c’est que dans ce type de travail, les enseignants comprennent que la réponse professionnelle passe par l’acceptation de l’expression d’un ressenti personnel.

Bibliographie

  • Aristote, (1980) Métaphysique, trad. J. Tricot, Paris, Vrin.
  • Balint M. (1982) Psychanalyse et pratique médicale in Missenard A. (dir.), L’expérience Balint : histoire et actualité, Paris, Dunod.
  • Blanchard-Laville Claudine, Chaussecourte Philippe, « A psychoanalytically-oriented clinical approach in educational sciences, », in Bainbridge Alan et West Linden (dir.), Psychoanalysis And Education ; minding a gap, Londres,  Karnac, 2012, p.51-63.
  • Blanchard-Laville C. (1998), “L’apport du groupe d’inspiration Balint aux enseignants et aux formateurs d’enseignants. Travail psychique et professionnalité », in Blanchard-Laville C., Fablet D. (coord.), Analyser les pratiques professionnelles, Paris, L’Harmattan, 27-55 (nouvelle édition revue et corrigée 🙂 L’analyse des pratiques professionnelles, 2000, 29-60.

Biographie

Christian PETiT, Docteur en psychologie, PRCE de philosophie, Formateur ESPé-Université de La Réunion. Laboratoire LCF- Icare. Recherches sur les constructions de l’identité à La Réunion (1995). Identité et normativité juridique à La Réunion (1998). Représentations de l’identité chez l’adolescent (2005).

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