Titre : L’intervention éducative et l’enseignement de l’histoire locale à La Réunion au sein de l’école primaire du XXème siècle à nos jours
Mots clés : local – adaptation – programmes histoire – identité.
Si l’intervention éducative vise à favoriser les processus d’apprentissage en prenant en compte les dimensions didactiques, psychopédagogiques, organisationnelles, institutionnelles et sociales, l’analyse de l’adaptation des programmes d’histoire aux réalités locales permet d’évaluer l’agencement des moyens créés à cet effet par rapport aux finalités visées par une telle démarche. En nous reposant sur les travaux d’histoire culturelle, c’est-à-dire une histoire sociale des représentations, notre propos consiste à mesurer le fragile équilibre entre une conception universaliste de la République et la nécessaire prise en compte du contexte social et culturel. La question est parfois teintée de controverse. La prise en compte de la réalité locale dans l’enseignement déborde sur la sphère politique. Une réelle dimension idéologique est sous-jacente aux prises de position des différents partenaires. On aborde par ce biais la question de l’identité. La reconnaissance de ce que l’on est, par soi-même ou par les autres, débouche inéluctablement sur une prise de position sur les savoirs transmis mais aussi sur les processus cognitifs et affectifs par lesquels l’élève se conçoit et se perçoit. À ne considérer qu’une intervention répressive de l’État visant un processus d’acculturation unilatéral, le risque est de laisser de côté à la fois les finalités bienveillantes d’un tel processus et les adaptations effectives aux réalités locales. L’école mettant en œuvre un savoir scolaire spécifique, la réalité locale peut être à l’origine d’une remise en cause d’un savoir institutionnel qui se veut unique et largement consensuel. Les questions de valeurs républicaines et d’unicité des programmes constituent donc des enjeux de première importance. Dans ce domaine, les adaptations proposées renvoient surtout à des principes didactiques et pédagogiques. La construction progressive des savoirs met ainsi en évidence la nécessité de partir des représentations mentales des élèves et donc de leur réalité locale. C’est pourquoi, les prescriptions établies par les institutions scolaires et leurs relais académiques n’ont guère engendré de résistances majeures même si leurs modalités d’application supposaient la prise en compte des spécificités locales. Les enjeux idéologiques doivent aujourd’hui céder la place aux intérêts pédagogiques et s’inscrire dans une interaction soucieuse d’efficacité entre les différents acteurs du système éducatif. Loin de pouvoir démêler l’ensemble de ces questions, il convient surtout de s’interroger sur les difficultés posées par l’intégration des réalités locales dans les programmes, d’analyser les valeurs sous-jacentes induites par leur application et d’avoir enfin une démarche critique d’un point de vue didactique et épistémologique. Axée sur l’intervention éducative, notre démarche nécessite donc une prise en compte des enjeux didactiques, épistémologiques et pédagogiques dans le cadre des programmes de l’enseignement primaire. L’étude repose sur l’analyse d’un échantillon de manuels scolaires en histoire depuis le début du XXème siècle mais également sur les avenants aux programmes qui invitent à prendre en compte l’environnement réunionnais.
Bibliographie indicative
- Boyer Gilles, Clerc Pascal, Zancharini-Fournel Michèle, L’école aux colonies, les colonies à l’école, Lyon, E.N.S. Éd. « Hors collection », 2013.
- Chanet Jean-François, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier Histoires, 1996, 426 p.
- Lenoir Yves, Larose François, Deaudelin Colette, Kalubi Jean-Claude et Roy Gérard-Raymond, « L’intervention éducative : clarifications conceptuelles et enjeux sociaux. Pour une reconceptualisation des pratiques d’intervention en enseignement et en formation à l’enseignement », Esprit critique, vol. 4, n° 4, avril 2002 (en ligne).