Titre : De l’intervention éducative au développement de l’expertise en ingénierie de formation au Burkina Faso : le cas des étudiants de Master Professionnel à distance de l’université de Rouen
Mots clés : compétences – expertise – ingénierie de formation – professionnalisation
Depuis 1996, le département de Sciences de l’éducation de l’université de Rouen prépare au master 2 Professionnel « Métiers de la Formation – Ingénierie et conseil en formation ». Cette formation s’effectue également à distance dans le cadre du consortium FORSE. Un partenariat est institué avec l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) où elle trouve un écho favorable en Afrique de l’Ouest francophone. L’objectif de ce diplôme est de former des « spécialistes polyvalents » qui accompagneront de façon pluridimensionnelle l’aménagement et le développement de projets de formation dans le champ des politiques territoriales, des ressources humaines ou de la médiation éducative.
La question de l’intervention éducative est donc posée à un double niveau : celui de notre propre intervention auprès d’un public spécifique (étudiants master 2) dans un territoire donné (Burkina Faso) et celui de l’impact de la formation et des pratiques d’interventions éducatives de ces professionnels dans le champ de la formation des adultes (Solar, Hébard, 2008). Notre recherche interroge les logiques de professionnalisation de ce public et les effets avec leur environnement. ? Assistons nous à de nouvelles pratiques et au renforcement de postures professionnelles spécifiques? De quelle expertise ces professionnels se reconnaissent-ils ? Quel est l’impact de la formation en ingénierie en termes de développement local participatif, dans un territoire donné ?
La professionnalisation des acteurs et des structures est questionnée au regard des trois niveaux : sociologique, personnel et pédagogique (Roche, 1999; Wittorski & Ardouin, 2012) dans le champ de l’ingénierie de formation (Ardouin & Clenet, 2011; Ardouin, 2013). Les compétences (Ardouin, 2014) sont contextualisées dans une approche systémique de l’éducation (de Rosnay, 1975; d’Hainaut, 1984).
Nous questionnons d’une part les spécificités et caractéristiques du public accueilli, leur motivation à entreprendre cette formation, à se maintenir dans le parcours à distance et la plus-value en termes d’insertion professionnelle. Nous interrogeons aussi la question de l’expertise acquise et de sa reconnaissance et les relations avec l’environnement.
Notre recherche conduite sur le premier semestre 2013, porte sur les six promotions inscrites sur le site de Ouagadougou (Burkina Faso) entre 2006 et 2012, soit 48 étudiants, dont en moyenne 4 sur 5 sont diplômés. Notre méthodologie comporte trois volets : dans un premier temps nous nous appuyons sur un questionnaire à visée qualitative dont l’objectif est résolument tourné vers la connaissance du public-cible (N=48), couplé à une étude des mémoires déposés par ces étudiants (identification des objets de recherche, des thématiques poursuivis, des structures et acteurs concernés). Puis dans un second temps, nous avons organisé un focus-group (N=10) dans le but d’approfondir les problématiques développées lors des conduites de projet d’intervention appliquées au développement local (missions engagées en stage avec les structures d’accueil), l’impact repéré sur le développement des compétences collectives (réflexion sur l’expertise développée au sein des institutions). Enfin nous souhaitons poursuivre les entretiens semi-directifs sur le site de Ouagadougou, sur la base des contacts établis auprès des étudiants diplômés (N=36), permettant d’approfondir le volet formation à distance – emploi – insertion et expertise en éducation et formation.
Les premiers résultats mettent à jour les logiques de professionnalisation tant des personnes que d’un collectif (axe2) mais aussi les changements esquissés au niveau territorial et du développement local (axe 1) pouvant mettre les acteurs en tension.
Références bibliographiques
- Ardouin T. (2011). « Vers une ingénierie de formation constructiviste » in Ardouin T., Clenet J. dir (2011). « L’ingénierie de la formation. Questions et Transformations », TransFormations, Lille, n°5-juin 2011, 157-167.
- Ardouin T. (2013). L’ingénierie de formation pour l’entreprise, Paris, Dunod. (4ème éd.)
- Ardouin T. (2014). « De la compétence individuelle à la capacité organisationnelle : un état de la question », in Renard L., Soparnot R. Gérer les capacités organisationnelles : un état des lieux des approches théoriques, méthodologiques et empiriques, Paris, Les Éditions EMS.
- D’Hainaut L. (1984). Des fins aux objectifs de l’éducation, Bruxelles : Labor, Paris: Nathan.
- Denieuil, P-J. (2005). Introduction aux théories et à quelques pratiques du développement local et territorial. Genève : Bureau International du Travail.
- Hébrard P. (2004). Formation et professionnalisation des travailleurs sociaux, formateurs et cadres de santé, Paris : L’Harmattan.
- Roche J. (1999). « Que faut-il entendre par professionnalisation ? », Education permanente, 140, 35-49.
- De Rosnay J. (1975). Le macrocosme, Paris : Point Seuil.
- Solar C. et Hébrard P. (2008) Professionnalisation et formation des adultes : une perspectives universitaire France Québec. Paris, l’Harmattan.
- Wittorski R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel. Paris l’Harmattan.
- Wittorski R., Ardouin T. (2012), La professionnalisation : étudier la complexité des liens sujet-organisation. in Clénet J., Maubant P., Poisson D., Formations et professionnalisations : à l’épreuve de la complexité, Paris, L’Harmattan.
Biographies
Thierry Ardouin – Laboratoire CIVIIC, Université de Rouen (France)
Stéphanie Gasse – Laboratoire CIVIIC, Université de Rouen (France)