Compilation de nos 3 derniers rendez-vous hebdomadaires autour des "Cultures ouvertes / OpenCulture" proposés le samedi sur Twitter et Facebook. Sommaire de ce numéro : l'écrivain sur la toile" :
Une série en plusieurs actes, à suivre chaque samedi sur lesdits réseaux cités plus haut 🙂
I : Déambuler : expériences et vagues à l'âme.
II : Remixer : jouer avec les auteurs et les oeuvres.
III : Ecrire : nouvelles pratiques d'écritures ?.
Acte I. Déambuler
Expériences -- d'écrivains ou d'éditeurs --, redécouvertes d'auteurs "classiques", des pistes pour penser l'écriture.
Revenir. "Depuis quelques temps, je reviens sur mes pas."
Marcher. "Marcher dans Google Maps", une expérience proposée par Nicolas Morin, au fil des rues photographiées par le célèbre géant d'internet. On change de texte comme on tourne le coin d'une rue. Copie d'écran du kilomètre zéro, le départ :
Arpenter. Brouillon pour un atlas, une belle expérience oulipienne proposée par Michèle Audin
Souffrir, avec Virginia Woolf.
Souffrir, encore, avec Roland Barthes
Habiter, avec François Bon
Habiter, encore : "De Julien Gracq comme un site web"
(repérés sur twitter via @cjeanney et @sergebonnery)
Ecrire et expérimenter
Ecrire le temps : un magnifique billet sur le temps, le sable, les recettes de cuisine et la "théorie de la formation des dunes mobiles".
Quelques références
Relire Virginia Woolf : en ligne - en papier
Relire Roland Barthes : en ligne (articles scientifiques) - en papier (oeuvre complète)
Oulipo ? demandez à Wikipedia!
Elisée Reclus sur Gallica : textes, images, etc. ("Histoire d'un ruisseau", etc.)
Acte II. Remixer, ou jouer avec les auteurs et les œuvres
Culture du remix. La culture du remake (ciné), du remix (musique) ou autres mash-up (numérique) n'est certes pas propre au web mais le web s'en fait largement l'écho en accélérant la diffusion des créations hybrides : il invite au partage et invite à la création.
Remixer, ou l'art de faire (re)découvrir les oeuvres et leurs auteurs
A la recherche des pépites du web. Certains se spécialisent dans la recherche des trésors ouverts du web...
- Le blog de Gallica (à compléter par les comptes Twitter, Facebook, Pinterest)
- The Public Domain Review, pépites des oeuvres libres de droit (textes, images, etc.)
- OpenCulture, "the best free cultural & educational media on the web", annuaire
- et plein d'internautes qui signalent au fil de leur navigation internet leurs découvertes.. A retrouver sur les réseaux sociaux (suivez-nous pour en découvrir)
et d'autres disséminent les textes.. ou guettent leur libération !
S'il fallait trouver un point commun entre toutes ces initiatives, il est simple : favoriser la circulation des œuvres pour favoriser leur réemploi (vilain terme désignant au hasard plaisir, connaissance, lecture, partage...) dans le but de favoriser la création. C'est toute la thématique des rendez-vous "Cultures ouvertes" / #openculture qu'on vous propose ici.
Acte III. Nouvelles pratiques d'écritures... et de lectures !
Ecrire avec Twitter. Contraintes et poétique de l'immédiat.
- Blog d'enseignant-chercheur sur Twitter comme pratique d'écriture
Ecrire en blog. Immédiateté et liberté d'un format libre. Nombreux sont les auteurs qui se sont emparés des facilités de publication en ligne, comme les blogs, pour écrire et proposer leur texte sur internet. Nouvelle temporalité d'écriture, immédiateté (ou pas), intéraction (ou pas), invitation au retour sur soi... Autant de contraintes et de présupposés avec lesquels jouer, autant de libertés à exercer (autopublication, texte illimité, etc.).
- L'Auto-fictif d'Eric Chevillard (qui fait l'objet de diverses publications imprimées)
- Trouvez-en un puis tirez le fil des blogs compagnons qu'il propose, et tirez encore.
Ecrire avec Wattpad : facile, par épisodes et avec intéraction. Prolongement des précédents, Wattpad propose une publication immédiate et intuitive, à l'image des grands réseaux sociaux généralistes, avec pour spécialité : les textes par épisodes, ceux que j'écris, que je lis, ou que je partage. Le Skyblog modernisé, en quelques sortes, mais clairement orienté textes. Le succès médiatique du moment : les fan fictions, ou "fanfic" Anna Tod (USA).
source : wattpad
Les fan fictions. Si l'on peut dater la naissance des "fanfictions" modernes vers la fin des années 60 autour de Star Treck et des fanzines, le phénomène prend un nouvel essor avec les possibilités de création et diffusion numérique : en témoigne le grand succès de la jeune texane Anna Todd et de ses 4 romans tapés et diffusés jour après jour sur Wattpad depuis son smartphone, en hommage au boysband "One Direction". On est loin de l'univers premier de la SF, de usenet et des communautés pré-geeks des années 80. Un tirage à 180 000 exemplaires en France, soit plus que le dernier Houellebecq (source)
Alors, le grand décloisonnement ? Mélanger auteurs, éditeurs, lecteurs. On pense à ces sites web qui décloisonnent et proposent textes, expériences, photos, paroles, et leurs prothèses tangibles (le livre imprimé, l'epub immatériel mais téléchargeable). Comme le Tiers Livre, porté par François Bon, auteur actif sur le net et les réseaux sociaux. On pense à l'expérience proposée par l'éditeur Publie.net / Publie.papier en partenariat avec des auteurs et des bibliothèques : retour sur l'opération #100bibs50epubs.
Intéragir avec l'auteur, est-ce si nouveau ? Commenter, liker, plussoir (+1), répondre, répondre au com', répondre au com du com du com... La revue Le Tigre démontre que cela existait déjà avant : "Le web du XVIIe siècle", un excellent et réjouissant article de Laetitia Blanchi qui commence ainsi : "Parfois je lis de la littérature sur internet". Un régal !
Réinventer le feuilleton ? L'engouement pour les séries (TV) s'affirme aussi en mode texte : après avoir observé le retour du feuilleton journalistique dans la presse magazine (Le Tigre, dès 2008) puis dans la presse quotidienne (la série "Ecocide" du Monde), on constate la multiplication des expériences de diffusion payante d'oeuvre par épisode :
Faut-il alors conclure aux simples effets de modes ou aux réelles innovations ? ... Les deux mon capitaine ! Bien sûr qu'il y a de la stratégie derrière l'engouement pour les feuilletons : la série permet de fidéliser (les chaînes télé l'ont bien compris). Cela dit, par delà le modèle commercial (qui concerne les éditeurs et les plateformes de publication en ligne comme Wattpad, Facebook, les blogs etc.), deux mouvements de fonds s'amplifient, qui parlent de la création aujourd'hui, irrigués par les nouvelles pratiques d'écriture et de lecture. Pour l'auteur, c'est l'écriture web, qui mêle des traditions textuelles éparses (le fragmentaire, le diaristique, le roman, le récit de voyage, l'aphorisme...) en des expériences littéraires qui dépassent le livre : déambulation, esthétique multimédia, etc.
"On vous parlera toujours du « livre », mais longtemps qu’il n’est plus l’horizon unique de notre travail"
Parce qu'elle sert de base au législateur lorsqu'il veut protéger la création littéraire (interdiction des offres illimitées, TVA identique, subvention), la référence unique au livre finit par brider toute création qui s'en affranchit. Le piège est grand d'opposer écriture traditionnelle et écriture web alors qu'en réalité les deux pratiques conversent. C'est l'analyse que développe François Bon dans un texte dense et clairvoyant (dont est extrait la citation plus haut). Pour le lecteur, c'est aussi tout l'enjeu de sa propre identité numérique qui s'exprime à travers l'accumulation affichée de lectures (et de likes). Passeurs des temps modernes, de jeunes booktubers postent sur Youtube leurs coups de cœur de lectures. Facebook a aussi créé son club de lectures. Le web, média de diffusion efficace et viral, est un accélérateur de pratiques : parce qu'il facilite l'accès à des nouveaux acteurs dans le jeu de la création, côté lecture (commenter, intervenir) comme côté écriture (immédiateté, remix, contraintes), il rend parfois la séparation entre les deux bien théorique.