Sources primaires en SHS et en ligne : "Struggles for Freedom : Southern Africa" et le "World Heritage Sites : Africa" rejoignent JSTOR

JSTOR diffuse désormais directement les contenus d'Aluka, la bibliothèque numérique de ressources scientifiques venant et traitant de l'Afrique. "Aluka" est un mot dérivé du zoulou signifiant « tisser ».

L'abonnement des bibliothèques de l'Université de La Réunion couvre 2 collections :

  • "Struggles for Freedom : Southern Africa" : cette bibliothèque numérique de sources primaires est dédiée aux luttes pour la liberté en Afrique australe et le démantèlement de l'Apartheid en Afrique du Sud. Objets, documents numérisés, images, interviews, revues, posters, photos documentent les règles coloniales, les   diaporas, l'intervention internationale, etc. 

  • "World Heritage Sites : Africa" : dédiée au patrimoine culturel africain.

L'organisation en sous-collections thématiques et les différents parcours de navigation d'Aluka ont été conservés lors de la migration des contenus dans JSTOR. Par exemple : ici, on peut naviguer dans les différentes sources de "Struggles for Freedom" :

L'avantage de la migration sur JSTOR est leur intégration parmi l'ensemble des revues et livres numériques de JSTOR, dont une bonne partie est accessibles à la communauté universitaire via les abonnements de l'université ou bien via la politique d'OpenAccess de la plateforme.

Ici, la page d'accueil de JSTOR indique bien que le moteur de recherche sollicite à la fois les revues, les livres et les sources primaires comme nos deux collections Aluka. 

Que serait votre vie si vous n'aviez passé que cinq ans à l'école ?

Gros plan sur les différences Femmes / Hommes dans l'accès à l'éducation

L'UNICEF rappelle que dans le monde,

"Malgré tous les efforts menés et les progrès accomplis ces deux dernières décennies, les filles sont toujours plus susceptibles que les garçons de rester complètement exclues de l’éducation."

L'Unicef propose une animaton interactive pour faire le point sur l'édution des filles en Afrique. 

Quelques ressources utiles :

Avec vos BU vous trouverez facilement diverses* études et documents pour alimenter vos réflexions : interrogez notre moteur de recherche et profitez des collections de l'ensemble des bibliothèques de l'université de La Réunion. C'est gratuit et vous pouvez choisir la BU que vous souhaitez pour faire venir vos lectures. https://bu.univ-reunion.fr

Deux exemples disponilbes sur les rayons des bibliothèques :

Note : * l'adjectif "diverses" applique ici à dessein la règle grammaticale de proximité (jadis pratiquée en grec et latin), pour changer du "masculin neutre".

Billet proposé par Gweanëlle Marchais.

Gilets jaunes, 1 an après le début du mouvement

https://pixabay.com/fr/illustrations/american-gothic-des-gilets-jaunes-3897151/

Initié en novembre 2018, suite à l'augmentation du prix des carburants, un mouvement social de contestation est apparu sur les routes et ronds-points, et relayé par les réseaux sociaux : les Gilets jaunes.

Les BU vous proposent une rétrospective et un panorama via la presse généraliste et spécialisée.

Retrouvez la sélection d'ouvrages empruntables dans vos BU sur ce thème.

Suggestion d'emprunts BU Saint-Denis Droit-Lettres

Découvrez les articles dans les bases en ligne telles qu'Europresse ou Cairn (accès avec vos logins ENT).

Ecoutez les émissions en replay sur le site de France Culture (Consulté le 09/11/2019).

Informez-vous grâce au dossier constitué par L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales - EHESS - sur ce mouvement. (Consulté le 09/11/2019).

Homophobie, une journée pour en parler

Une journée internationale contre l'homophobie et la transphobie ? On aimerait que cela soit dépassé, comme d'autres journées de lutte. Pourtant aujourd'hui l'homophobie tue encore. On observe surtout en France depuis quelques année une recrudescence importante de l'homophobie.

En ligne aussi, la violence a des effets concrets. Commentaires de rageux sur youtube, harcèlement sur instagram, stalking via facebook, tout jeune (et moins jeune!) pratiquant les réseaux sociaux a déjà été témoin ou victime de cyberhomophobie. La difficulté est que la vie numérique ne s'arrête pas en quittant l'école, le travail ou la rue. Elle se poursuit jusque dans notre intimité, au creux de nos mains, car nos téléphones connectés nous accompagnent en tout lieu. "Il ne faut pas regarder!". Plus facile à dire qu'à faire.

La situation de harcèlement est au coeur du manga Eclat(s) d'âme" : "un adolescent provincial victime d’homophobie depuis que ses camarades ont surpris des vidéos de porno gay sur son smartphone". (source : Le Monde). La série est disponible à la BU Sciences au rayon BD/Manga.

Le Magazine L'Equipe a récemment proposé un dossier spécial sur l'homophobie dans le sport. Retrouvez-le en ligne dans notre abonnement numérique Europresse (accès "Espace PDF", précisez l'édition du 4/5/2019, repérez L'Equipe Magazine et validez).

La BU Droit-Lettres propose également une sélection d'ouvrages sur la question, à retrouver dans le hall d'accueil.

En ligne, vous trouverez de nombreux articles de recherche qui abordent les violences genrées, les leviers d'action des politiques publiques, les aspects légaux (travaux de Caroline Mécary), sociologiques (Eric Fassin, Didier Eribon notamment) ou encore les travaux sur les questions de genres et d'identités (Judith Butler). Ce sont des exemples parmi d'autres.

On trouve également sur internet d'intéressantes initiatives pour aller au-delà de nos représentations habituelles, grandes pourvoyeuses de clichés. Par exemple dans la communication, on sait que les visuels choisis perpétuent les dominations sociétales : surreprésentation des hommes (il suffit souvent d'1 femme sur 3 ou 4 personnes pour que l'on considère l'image comme "mixte"), surreprésentation des populations blanches, des situations hétéronormées, des classes supérieures, etc. Tout cela souvent sans en avoir conscience. Pas facile d'en sortir ?  BroadlyGenderPhotos propose des images libres de droit qui élargissent notre regard sur le genre.

Echanger avec une association ou des professionnels de la sensibilité à l'Egalité aide également beaucoup à varier ses sources et proposer des communications plus inclusives. > Découvrir le Pôle Egalité de l'Université de La Réunion

Toujours sur le web, SOS Homophobie propose un rapport annuel clair et documenté avec des témoignages. Violences, médias, éducation, famille, travail, justice, les entrées sont multiples pour dresser le portrait de ce douloureux problème de société.

Des lectures proposées par Gwenaëlle Marchais.

"Sexe, race et colonies : la domination des corps du XVe siècle à nos jours"

L'ouvrage* de Pascal Blanchard est un livre choc. Brutal, parfois violent. Mais c'est aussi un livre ambitieux. 5 années de travail, 97 chercheurs, une centaine d'articles, 1200 illustrations. Son but ? Montrer comment les colonisateurs européens se sont approprié le corps des femmes indigènes.

Bien sûr, l'ouvrage n'a pas manqué de faire réagir à sa sortie (1). Fallait-il montrer ces images ? Six siècles de domination n'est-ce pas suffisant ?
A cela les auteurs réagissent. Montrer cette violence sexuelle, c'est aussi ne plus pouvoir la nier. « Désormais, nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas » (2) nous explique Pascal Blanchard. Une nécessité pour la journaliste malienne Oumou Demba « Il est important de savoir jusqu’où l’esclavage et la colonisation sont allés. En particulier au moment où des voix osent revendiquer les “bienfaits” de la colonisation. » (3).

Pièces à conviction pour les uns, exhibition pornographique pour les autres, le livre donne à voir ce qu'on a longtemps refuser de voir. Une démarche soutenue dans une émouvante tribune de l'ancienne garde des sceaux, Christiane Taubira, pour qui « l'ouvrage restera une référence » (4).

*Ouvrage disponible à la BU Droit-Lettres, cote 306.7 BLA

 

(1) FRANCE CULTURE, 2018. Sexe, race et colonies: la polémique. In : France Culture [en ligne]. [Consulté le 7 mai 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.franceculture.fr/emissions/signes-des-temps/sexe-race-et-colonies-la-polemique.
(2) DIAWARA, Malick, 2019. Pascal Blanchard : « L’ordre colonial a organisé la sexualité au nom de critères raciaux validés par la science ». In : Le Point [en ligne]. 19 février 2019. [Consulté le 7 mai 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.lepoint.fr/culture/pascal-blanchard-desormais-nous-ne-pourrons-plus-dire-que-nous-ne-savions-pas-19-02-2019-2294439_3.php.
(3) JUOMPEN-YAKAM, Clarisse, 2018. « Sexe, race et colonies » : les crimes tabous de la colonisation. In : JeuneAfrique.com [en ligne]. 5 novembre 2018. [Consulté le 7 mai 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.jeuneafrique.com/mag/653889/culture/sexe-race-et-colonies-les-crimes-tabous-de-la-colonisation/.
(4) TAUBIRA, Christiane, 2019 . Christiane Taubira : « Le livre “Sexe, race & colonies” restera une référence ». In : [en ligne]. [Consulté le 7 mai 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/14/christiane-taubira-le-livre-sexe-race-colonies-restera-une-reference_5423603_3232.html.

Femmes et Société / Ouvrir les imaginaires

Il n'y a pas que le 8 mars pour parler des droits des femmes et de leurs rôles dans nos sociétés, mais c'est une occasion de faire le point, chaque année, sur l'état d'avancement des inégalités.

Crédits : DesignLagartija, via Redbubble

"Moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes".

Cette sous-représentation des femmes dans la recherche s'accompagne de fortes disparités selon les disciplines :

"Selon les données de l'UNESCO (2014-2016), environ 30% seulement des étudiantes choisissent des domaines liés aux STEM (Sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) dans l'enseignement supérieur. À l’échelle mondiale, le taux de scolarisation des filles est particulièrement faible dans les domaines des Technologies de l'information et des communications (3%), des sciences naturelles, des mathématiques et de la statistique (5%) et dans les domaines de l’ingénierie, de la fabrication et de la construction (8%). Depuis longtemps, les préjugés et les stéréotypes de genre éloignent les filles et les femmes des domaines liés à la science.  "
(Source : ONU , consulté le 7/3/2019)

En France, la situation ne semble pas évoluer favorablement, contrairement à la tendance mondiale d'une meilleure représentation. Une infographie diffusée chez L'Etudiant (2017) montre que la part des femmes en niveau Licence et Master dans les formations scientifiques et techniques a baissé ces dernières années. En cause : les stéréotypes, dont le poids explose à l'adolescence, moment des choix d'orientation. Comment lutter contre les stéréotypes ?

Des imaginaires bridés

Ce tweet de l'UNESCO diffusé le 28 février 2019 :

Seulement 1 biographie sur 6 sur #Wikipedia concerne une . Cela ne doit-il pas changer ? Aidez-nous à combler le fossé entre les et les dans l'espace numérique ! Le 8/03, rejoignez #wiki4women! Inscrivez-vous en ligne

A l'occasion de la nouvelle journée internationale des femmes, Wikipédia et l'UNESCO lancent donc une campagne d'appel à contribution : aidez-nous à inscrire les femmes dans la plus grande encyclopédie libre du monde ! A ce jour, elles ne représentent que 1/6 des biographies disponibles sur Wikipedia.

Wikipédia a raison : la visibilité des femmes dans les espaces publics de reconnaissance des "grands hommes" est encore faible, et pas que sur le net. Noms de rues, ou d'amphithéâtres [Note 1], manuels d'histoire, encyclopédies, films sur les grandes figures de l'histoire, romans d'aventure et de conquête, séries animées... : les femmes sont encore largement sous-représentées et cela bride l'identification et l'imagination des jeunes. La télévision reflète la même réalité : seuls 12% des personnages ayant un travail lié aux sciences, technologies, ingénierie et médecine sont des femmes [Note 2].

Etude de Duke Université à partir du test Bechdel appliqué à des films

On peut aller plus loin et évoquer le "Bechdel Test", ce test proposé par l'auteure Alison Bechdel pour mesurer la qualité de la représentation des femmes dans un film :
1.est-ce qu'il y a plus d'un personnage féminin nommé ? (un vrai rôle)
2.est-ce que 2 personnages féminins se parlent ?
3.est-ce qu'elles parlent d'autre chose que d'un homme ? si oui, le test est réussi. L'équivalent racial existe et l'on sait que beaucoup de films ne le réussissent pas non plus...[Note 3]

Ouvrir les imaginaires

On peut changer cela ! Les initiatives se multiplient pour mettre en avant des exemples valorisants de femmes qui choisissent leur métier, leur rôle, leur vie. Quelques liens utiles :

  • Des albums, romans, posters, dessins animés, etc. valorisants pour débrider l'imaginaire de nos jeunes, dès le plus jeune âge : le site est en anglais mais mérite une visite pour les éducateurs ou les parents curieux :   https://www.amightygirl.com
  • Pour des ressources en français : le blog Fille d'album fournit un travail salutaire de décryptage et de sélection de lectures/CD/vidéos jeunesse anti-sexistes.
    Les bibliothèques publiques ont aussi un rôle à jouer dans l'ouverture des imaginaires 🙂

A la BU Sciences, on peut par exemple découvrir des héroïnes pas comme les autres dans le comics Miss Marvel et la série Bitch Planet.

Bonne journée du 8 mars à toutes et tous!
Un billet de Gwenaëlle Marchais

Le sujet vous intéresse ? Retrouvez sur notre blog, nos diverses sélections sur la question de genre : livres, BD, DVD, travaux des chercheuses de La Réunion, etc. https://blog.univ-reunion.fr/blogpapang/tag/femmes/

Pour aller plus loin :

[Note 1] Le Pôle Egalité de l'université de La Réunion milite pour le renommage des amphithéâtres, cf. programme 8 Mars 2019

[Note 2] Etude « Gender Bias Without Borders », réalisée par le Geena Davis Institute, 2015 et cité par l'ONU : http://www.un.org/fr/events/women-and-girls-in-science-day/

[Note 3] La très sérieuse université Duke propose une étude sur des films récents. La BD Commando Culotte passe un certain nombre de séries et films cultes au cribble de ce genre d'analyses genrées. BD dispo à la BU Sciences.  Exemple avec Game of Thrones : http://www.mirionmalle.com/2014/05/game-of-thrones-feat-tarmasz.html.

Livres numériques : "Une couleur, le Noir"

La dernière newsletter d'OpenEdition Books nous propose une sélection d'ouvrages "centrée sur l'histoire des luttes et des résistances politiques, littéraires et artistiques des Noir·es face aux discriminations raciales."

On y retrouve la leçon inaugurale d'Alain Mabanckou au Collègue de France (2016), des ouvrages sur l'esclavage en Amérique du Sud, aux Etats-Unis, dans les Caraïbes, en Méditerranée, ou encore sur la littérature.

Nous vous invitons à la découvrir la sélection Une couleur, le Noir ici : http://elgebar.univ-reunion.fr/login?url=https://books.openedition.org/1272

La plupart des titres sont accessibles en ligne via notre abonnement OpenEdition Books avec vos accès numériques UnivRéunion habituels.

Lettres noires : des ténèbres à la lumièreEsclavage et subjectivitésLa diaspora noire des Amériques“Polar noir”: Reading African-American Detective FictionDe la libertad y la aboliciónReading Percival EverettLes blancs de l’histoireLittératures francophones
Autour de l'« Atlantique noir »
Les esclavages en Méditerranée Abolir l'esclavage

Des vies de mémoire : Lanzmann - Veil

Claude Lanzmann est mort le 5 juillet 2018. Pour beaucoup il restera le réalisateur du grand film de la mémoire de l'horreur nazie, "Shoah".

Source et fiche du film : IMBD

Neuf heure et trente minutes de reconstitution historique à travers les témoignages des vivants -- témoins, rescapés, bourreaux. Claude Lanzmann avait choisi de n'utiliser aucune image d'archives. Il lui a fallu douze ans pour mener ses recherches dans le monde entier, rencontrer ses interlocuteurs, filmer et monter la grande "sépulture" du peuple juif (1).

Quelques jours auparavant, Simone Veil est entrée au Panthéon, un an après son décès. Elle avait été la compagne de Lanzmann. Elle avait raconté les camps et son difficile retour de déportation. Une "expérience incommunicable" qui pourtant impose la parole comme "une nécessité, une promesse qu'on a faite et un engagement" (2). Comme lui, elle avait alimenté la réflexion sur le rôle de la mémoire et sur l'importance d'articuler témoignages et Histoire.

Notes :

(1) : On dit de lui qu'il avait "donné au peuple juif la sépulture qui lui manquait" (Didier Sicard).
(2) : Source sonore via France Culture

Les vies de Malcolm X

Commencer sa vie dans l'extrême pauvreté, la drogue et la délinquance, la finir brutalement, haï d'une partie des siens et révéré de l'autre, icône internationaliste de la lutte pour les droits civiques. Il a fallu plus d'une vie à Malcolm X au cours de son existence pour atteindre le statut qui fût le sien lors de son assassinat en 1965.

Militants garveyiste de la première heure, ses parents furent son premier contact avec la cause internationale des noirs durant les années 30. Sa jeunesse sera jalonnée de drames avec la mort mystérieuse de son père alors qu'il n'a que 6 ans et l'internement de sa mère en asile psychiatrique 8 ans plus tard. Il est alors recueilli par un couple blanc et suit une scolarité blanche. C'est la première réinvention de Malcolm décrit dans l'extraordinaire biographie de Manning Marable, "Malcolm X, une vie de réinventions" (disponible à la BU Droit-Lettres-Océan Indien à la cote 327.73 MAR).

Avec une précision chirurgicale, Marable et son équipe retrace semaine après semaine le cheminement de Malcolm des rues de Boston, Chicago, Detroit ou Harlem. De Malcolm Little à "Detroit Red" le petit dealer jusqu'à Malcolm X, leader charismatique et envié de la Nation of Islam (secte hétérodoxe qui prône le séparatisme et le nationalisme noir), prêcheur exceptionnel, travailleur infatigable et visionnaire sur la place des noirs dans la société américaine des années 50-60.

A partir d'archives variées dont les dossiers de surveillance du FBI, Marable n'épargne aucune zone d'ombre de la vie de Malcolm X (sa misogynie, son antisémitisme, son mariage malheureux, ses échecs politiques,...) pour en faire une étude à hauteur d'homme qui ne se laisse pas éblouir par la force du mythe. Marable propose un éclairage nouveau sur la vie d'une figure marquante de la lutte pour les droits civiques, précurseur du Black Power.

C'est aussi de la place des noirs et des droits civiques dont il est question dans l'éblouissant documentaire, "I am not your negro" de Raoul Peck sur l'écrivain James Baldwin, ami proche de Martin Luther King et Malcom X.

Lire et écouter Simone Veil

Un hommage possible à Simone Veil est de prendre le temps de la lire ou de la réécouter. Dans les archives sonores en ligne, ou dans les bibliothèques de l'Université de La Réunion vous trouverez notamment ces 6 propositions :


"Une vie". Dans son récit autobiographique paru en 2007 Simone Veil évoque sa jeunesse, son expérience des camps de concentration et ses engagements politiques : femmes, santé, Europe. > Lire un extrait en ligne (éditions Stock)
Un DVD documentaire retrace également son parcours : Simone Veil, Une histoire française (2004)

Droits et santé des femmes. Le vote en 1974 de la loi sur la légalisation de l'avortement, communément appelée Loi Veil, fit l'objet de grands débats, houleux, violents : "Je n'ai jamais ressenti autant de haine, une vraie haine, une haine qui veut tuer", confiera Mme Veil. Il y eut aussi de grands plaidoyers. Dans les archives de Radio France, on peut réentendre le discours de Simone Veil, alors ministre de la santé,  à l'Assemblée Nationale le 26 novembre 1974. Côté cinéma, c'est Emmanuelle Devos qui incarne la politicienne à ce moment clé de l'histoire des femmes dans le film La loi (le combat d'une femme pour toutes les femmes).

source : Internet Archive / Assemblée Nationale

Témoigner. Simone Veil, comme d'autres, a raconté les camps.  "Ce qui est insupportable, c'est de parler et de ne pas être entendu" (archives sonores de Radio France). A l'occasion d'un colloque sur l'histoire de la Shoah (1992), elle confiait avec beaucoup d'humilité ce regard de témoin. Elle rappelait, et c'était l'un des buts du colloque, l'importance d'articuler et faire dialoguer témoignages et Histoire. Tous deux partagent la même quête de réponses "à ce qui demeure largement inimaginable et incompréhensible". Tous deux rencontrent des obstacles : mur de silence, déni, urgence du consensus et de la reconstruction. Ils s'interpénètrent, se complètent, par delà les contradictions inévitables des paroles des survivants. "Le temps des historiens est venu" répétait-elle. Toujours en réflexion, elle s'interrogeait sur l'opportunité d'une loi sanctionnant le négationnisme :

"Y a-t-il lieu d'adopter une démarche de caractère exceptionnel, sans précédent, s'agissant de la Shoah ? La vérité historique doit-elle faire l'objet, en l'espèce, d'une protection juridique particulière?" (Réflexions d'un témoin)

En réponse elle invitait à s'engager dans l'analyse des "formes variées de résurgence de racisme", et dans la défense de la démocratie.

Références et accès : 

Idées de lecture : Albert Londres, une valise à la main

"Une valise, on dirait que c’est la liberté qu’on a dans la main". (Adieu Cayenne)

"La seule ligne que je connaisse, c'est celle de chemin de fer"

Voyageur infatigable, Albert Londres n'a eu de cesse de sillonner les continents et d'observer le monde comme il va. Il soumettait ensuite ses chroniques à la presse, au Petit Journal, à l'illustré l'Excelsior, ou au Petit Parisien. Un vaste monde en mouvement :

Albert Londres chez l'éditeur Le Serpent à Plumes

La France n'est pas en reste, explorée dans ses marges, dans les asiles (Chez les fous, 1925) ou près des prisonniers de Cayenne (Au bagne, 1923, ou encore le roman L'homme qui s'évada, adapté en BD par Laurent Maffre).

BD, dispo en BU Sciences

"Le médecin voit l'homme, l'administration voit le condamné. Pris entre ces deux visions, le condamné voit la mort" (Au bagne)

"Le café qui vient de Moka pousse au Brésil. On l’embarque sur l’Atlantique Sud. L’Atlantique Nord le berce un moment. Il passe par Gibraltar et, doucement, il s’amène sur la Méditerranée. Marseille ! On le débarque. On va le boire ? Pas si vite. Rentrez vos tasses dans le buffet. On le rembarque" (Marseille, porte du Sud)

 

A travers ses reportages, une constante domine : derrière l'humour, qui rend sa lecture si savoureuse, Albert Londres cherche le frère, le commun, ce qui fait que l'étrangeté de l'Autre nous ressemble toujours finalement. En négatif, il peint les visages de l'exploitation : les forçats des routes africaines comme ceux de la pédale du Tour de France (Tour de France, tour de souffrance, 1924).

Car nous sommes dans les années 20 et 30 et de grands bouleversements sont à l'oeuvre : le journaliste-reporter de l'Excelsior et du Petit Parisien conte l'essor du commerce international (Marseille, porte du Sud, 1927), de l'antisémitisme (Le juif errant est arrivé, 1930) et de la contestation du colonialisme (Terre d'ébène, 1929).

Livres empruntables disponibles en BU Droit-Lettres

Un goût pour l'absurde, un ton alerte, des phrases chocs et souvent elliptiques, font d'Albert Londres une plume au style unique qui emporte l'adhésion et permet d'entrer facilement, par jeu, dans ses reportages exigeants. Avec toujours cette impression d'en sortir plus intelligent -- du moins, mieux informé et bien diverti !

On comprend pourquoi le Prix Albert Londres, qui récompense les travaux journalistiques des grands reporters, porte son nom.

source : @DR France 3 Nouvelle Aquitaine

Ouvrages à retrouver principalement à la BU Droit-Lettres, ou à faire venir dans votre BU pour les emprunter. Vous préférez une version numérique ? Ces deux bibliothèques numériques proposent différentes anciennes éditions directement consultables en ligne :

Pour retrouver plus de citations d'Albert Londres, on peut naviguer chez Babelio.

I am not your negro : James Baldwin

Littérature et cinéma, une longue histoire d'amour ? Au festival de Cannes cette année, ce ne fut pas moins de 12 films adaptés de livres et l'on considère désormais que les adaptations représentent un quart ou un cinquième des films proposés au cinéma. Il est moins fréquent en revanche de baser un film sur les seuls textes d'une oeuvre non fictionnelle d'un auteur engagé. C'est le cas du film "I am not your negro" du réalisateur haïtien Raoul Peck, actuellement en salle à La Réunion.

Un film coup de poing conçu sur des matériaux bruts : les images d'archives des mouvements afro-américains et les mots de Baldwin. La variété des sources audiovisuelles et les différents formats et tailles des images originales, qu'il a fallu retravailler, donnent au film un réel dynamisme de combat. Le choix d'intégrer les images les plus récentes des mouvements #BlackLivesMatter ancre les mots de James Baldwin dans une contemporanéité saisissante. I am not your negro est une expérience cinématographique totale dont le succès inattendu, aux Etats-Unis comme chez nous, montre la forte actualité des combats pour l'égalité de tous.

Un contre-point théorique fort au non moins excellent film "Get Out" (également en salle à La Réunion), variation haletante et décalée qui reprend les codes des films d'horreur sur la question raciale.

Quel rapport avec vos BU ?

L'occasion de découvrir ou relire James Baldwin. Dans vos bibliothèques, vous trouverez les textes de James Baldwin au rayon Littérature 810.20 BALD. Y figurent également les études critiques sur son oeuvre. Ici, un article canadien qui présente quelques titres : Relire James Baldwin.

Exemples de textes de Baldwin dans les BU de La Réunion

Pour aller plus loin, quelques autres propositions de lectures dans le même domaine :

Bande annonce :

8 Mars, une journée au pluriel

L'une des victoires que l'on peut souhaiter à la Journée des femmes, c'est qu'enfin, en France, on l'appelle Journée des Femmes. Partout - dans les médias, comme sur les lieux de travail, dans les boutiques comme dans les espaces publics.

Parce que "la" femme, essentialiste et réductrice, facilite les opérations de communication à bas coût dans les médias et les commerces : hommages à "la" femme (douce, militante, aimante, combative), homélies "femmes je vous aime", etc. Pourtant, cette journée est tout de même un peu plus que des histoires d'exception, de roses et de rouges à lèvres... non ?

Justement, le site 8mars.info nous rassure sur le sujet et revient sur l'histoire internationale (et ouvrière) de cette journée, et sur ce fameux pluriel qui semble avoir tant de mal à passer dans nos usages français :

femmes_info_2017-02-28_133206

Un symbole : en anglais, l'ONU communique bien sur le Women's Day (pluriel donc). Le site web français de l'ONU le traduit bien désormais aussi en Journée internationale des Femmes... mais les métadonnées qui apparaissent dans les moteurs de recherche, elles, sont encore au singulier!

femmes_onu_2017-02-28_133035

Résultats d'une recherche sur Qwant le 28/02/2017

femmes_onu_pluriel_2017-02-28_133057

Pourtant, sur la page "Comment dit-on ? Au pluriel, voilà pourquoi", on y découvre :

"Depuis 2016 le Comité ONU Femmes France s’engage à mener une campagne active pour que ces mauvaises traductions soient corrigées".

Une volonté louable de l'ONU qui illustre l'importance de bien nommer cette journée. Mais, le diable se nichant (aussi) dans les détails, il reste du travail...!

Parce que les mots sont importants. Pour se convaincre du pouvoir des mots et de leur incidence dans les représentations sociales collectives et individuelles, on peut mettre à profit ces quelques lectures disponibles dans les bibliothèques de l'Université. Les chercheurs en sciences sociales investissent le champ linguistique depuis des années pour mettre à jour les relations de pouvoir et les biais psychologiques et sociaux induits par le choix des mots.

Parce que l'histoire (et le choix de la date) importe aussi. Dans une même perspective, on peut citer ce numéro de la revue Travail, Genre et Sociétés,  disponible en ligne sur Cairn, qui affirme "Le genre masculin n'est pas neutre".

Dans l'article intitulé "Journée internationale des femmes : à la poursuite d’un mythe" la chercheuse Françoise Picq propose un retour historique sur la journée internationale des femmes, qui a connu diverses évolutions, au gré des groupes qui ont porté cette journée mondiale, du monde ouvrier aux féministes des années 70s. C'est justement lorsque des féministes "en quête de leur histoire" prospectent sur les origines de cette journée mondiale que l'on découvre qu'il n'existe finalement guère de traces des fameuses grèves de couturières new-yorkaises en lutte pour leurs conditions de travail le 8 mars 1857. Par ses résultats inattendus, cette recherche des origines ouvre la voie à d'autres questionnements :

"Commémorer le combat d’ouvrières pour leurs conditions de travail, n’était-ce pas privilégier une version féminine de la lutte des classes et exclure d’autres aspects de la lutte des femmes, d’autres revendications. Mobilisations féministes pour les droits civils et civiques, pour le droit à l’instruction et l’ouverture aux femmes des professions qualifiées ; mais aussi défense du droit au travail des ouvrières, y compris contre les ouvriers ligués contre elles ?"

Cela étant dit, on peut passer à l'essentiel : s'intéresser aux droits des femmes, aux leviers d'action pour donner du pouvoir aux femmes (empowerment) et valoriser les actions déjà passées et les figures motivantes et décomplexantes : l'Université de La Réunion (dont vos BU) vous en parle toute la semaine !

A retrouver sur notre blog :

Bonne journée du 8 mars à toutes et tous!

Femmes d'exception

A l'occasion de la Journée internationale de la femme, la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres-Océan Indien vous propose du 6 au 11 mars une sélection thématique :

" Ces femmes d'exception "

Venez découvrir ou redécouvrir ces femmes qui ont marqué l'histoire, la littérature, l'art,... chacune à sa manière !

Par exemple :index

Simone Veil : Grande dame, rescapée d‘un camp d’extermination, politicienne qui défendra notamment le Droit à l’avortement en 1974 à l’Assemblée nationale, élue à l’Académie Française en 2008.

Les Soeurs Grimké : femmes américaines militantes actives contre l’esclavage et pour les droits des femmes au XIXe Siècle.

Louise Michel : institutrice, militante lmanarchiste, franc-maçonne, aux idées féministes et l’une des figures majeures de la Commune de Paris.

Wangari Maathai : Née en 1940 au Kenya, Wangari Maathai a fait ses études aux États-Unis et en Allemagne. Pour son militantisme en faveur de la protection de l'environnement et des droits des femmes, elle sera la première Africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix.

mais aussi : Jeanne d'Arc, Lucie Aubrac, Cléopâtre,  Élisabeth I et II, Catherine de Médicis, Simone de Beauvoir,...

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Le "Che" : itinéraire d'une légende

Si le Che n'avait pas été capturé puis exécuté en 1967, il aurait pu fêter ce mois-ci ses 88 ans. Héros pour certains, provocateur arrogant pour d'autres, retour sur le parcours d'une légende.che

Né le 14 juin 1928 en Argentine dans une famille bourgeoise, il est l'aîné de 5 enfants. A 20 ans, il entreprend des études de médecine.
Avec son ami Alberto Granado, il prend en 1951 une année sabbatique afin de réaliser leur rêve: traverser à moto l'Amérique du Sud. Guevara relate cette épopée dans Diarios de motocicleta: Notas de viaje por America Latina. C'est durant ce voyage, confronté à l’extrême pauvreté, qu'Ernesto Che Guevara en vient à la conclusion que le seul remède aux inégalités sociales de l'Amérique Latine est la révolution par les armes.

En 1956, il part pour Cuba avec Fidel Castro dans le but de lutter contre le régime de Batista : c'est la Révolution Cubaine. Après des années de lutte, Guevara et Castro finissent par triompher le 29 décembre 1958. Batista jette les armes et s'enfuit à Saint-Domingue.
Dès le 2 janvier il est nommé par Fidel Castro commandant et "procureur suprême" de la prison de la forteresse de la Cabaña, sorte de tribunal révolutionnaire qui exécute plus d'une centaine de policiers et militaires du régime précédent jugés coupables de crimes de guerre.

Guevara va tenter d'exporter la révolution à travers l'Amérique Latine et notamment en Bolivie qui se trouve depuis 1966 sous la dictature militaire du général René Barrientos.
Le Che racontera son combat dans El diario del Che en Bolivia. Le journal commence le 7 novembre 1966, jour de son installation dans une ferme qui lui servira de campement, et se termine le 7 octobre 1967, veille du jour où le seul groupe restant de la guérilla est anéanti par l'armée bolivienne près du village de La Higuera, ne laissant que 5 survivants. Guevara est exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA le 9 octobre 1967.

CheHigh
Le Saviez-vous ?

Le 7 février 1959, le nouveau gouvernement proclame Che Guevara « citoyen cubain de naissance » en reconnaissance de son rôle dans le triomphe des forces révolutionnaires. Fidel Castro va même modifier la constitution du pays pour permettre à un étranger s'étant particulièrement illustré durant la guérilla et ayant reçu le grade de Commandant de pouvoir être membre du gouvernement.

 

 

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Crédits Images
- Ernesto by AK Rockefeller (sous licence CC BY-SA 2.0)
- Ernesto Che Guevara / Alberto Korda. Domaine public