"Une valise, on dirait que c’est la liberté qu’on a dans la main". (Adieu Cayenne)
Voyageur infatigable, Albert Londres n'a eu de cesse de sillonner les continents et d'observer le monde comme il va. Il soumettait ensuite ses chroniques à la presse, au Petit Journal, à l'illustré l'Excelsior, ou au Petit Parisien. Un vaste monde en mouvement :
- Asie : Japon : Visions orientales (1922) ; La Chine en folie (1922) ; Indochine (1922)
- Russie : Dans la Russie des Soviets (1920)
- Afrique : Terre d'ébène (la traite des Noirs)(1929). (en ligne ici)
- Moyen-Orient : Pêcheurs de perles (1931, au Barhein)
- Amériques : Le chemin de Buenos-Aires, etc.
La France n'est pas en reste, explorée dans ses marges, dans les asiles (Chez les fous, 1925) ou près des prisonniers de Cayenne (Au bagne, 1923, ou encore le roman L'homme qui s'évada, adapté en BD par Laurent Maffre).
"Le médecin voit l'homme, l'administration voit le condamné. Pris entre ces deux visions, le condamné voit la mort" (Au bagne)
"Le café qui vient de Moka pousse au Brésil. On l’embarque sur l’Atlantique Sud. L’Atlantique Nord le berce un moment. Il passe par Gibraltar et, doucement, il s’amène sur la Méditerranée. Marseille ! On le débarque. On va le boire ? Pas si vite. Rentrez vos tasses dans le buffet. On le rembarque" (Marseille, porte du Sud)
A travers ses reportages, une constante domine : derrière l'humour, qui rend sa lecture si savoureuse, Albert Londres cherche le frère, le commun, ce qui fait que l'étrangeté de l'Autre nous ressemble toujours finalement. En négatif, il peint les visages de l'exploitation : les forçats des routes africaines comme ceux de la pédale du Tour de France (Tour de France, tour de souffrance, 1924).
Car nous sommes dans les années 20 et 30 et de grands bouleversements sont à l'oeuvre : le journaliste-reporter de l'Excelsior et du Petit Parisien conte l'essor du commerce international (Marseille, porte du Sud, 1927), de l'antisémitisme (Le juif errant est arrivé, 1930) et de la contestation du colonialisme (Terre d'ébène, 1929).
Un goût pour l'absurde, un ton alerte, des phrases chocs et souvent elliptiques, font d'Albert Londres une plume au style unique qui emporte l'adhésion et permet d'entrer facilement, par jeu, dans ses reportages exigeants. Avec toujours cette impression d'en sortir plus intelligent -- du moins, mieux informé et bien diverti !
On comprend pourquoi le Prix Albert Londres, qui récompense les travaux journalistiques des grands reporters, porte son nom.
Ouvrages à retrouver principalement à la BU Droit-Lettres, ou à faire venir dans votre BU pour les emprunter. Vous préférez une version numérique ? Ces deux bibliothèques numériques proposent différentes anciennes éditions directement consultables en ligne :
- Gallica, la bibliothèque nationale de France
- Manioc, bibliothèque numérique Caraïbe Amazonie Plateau des Guyanes
Pour retrouver plus de citations d'Albert Londres, on peut naviguer chez Babelio.