Jean-Patrick Manchette était beaucoup de choses : cinéphile boulimique, dialoguiste de film érotique, amateur de jazz, critique de cinéma, fan de sciences fictions, écrivain de polar par accident, traducteur par plaisir (de Donald Westlake, de Robert Littell mais aussi du Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons).
Dans son Journal : 1966-1974 (disponible à la BU Droit-Lettres à la cote 840"19" MANC 4 JO), on le découvre diariste méticuleux, commentateur des œuvres de Marx et de Hegel, chroniqueur de l'actualité mondiale (mai 68, tensions sociales en Italie, coup d'état chilien) et activiste désengagé.
Dans le style factuel propre à ses romans, il est beaucoup question d'argent, de travail jusqu'à l'épuisement, de réussite aussi. Avec un certain suspens, on le voit passer de l'accumulation de petits contrats pour faire vivre sa famille à une reconnaissance du "milieu" après son entrée dans la Série Noire ou l'adaptation cinématographique (souvent ratée selon lui) de ses romans.
L'intégralité de ses polars est compilée dans Romans noirs. Dans son numéro de juillet-août 2008, la revue Le Matricule des anges lui a consacré un excellent dossier "Manchette, le dernier des indépendants".