Il y a 240 ans, le 1er avril 1776, naquit Marie-Sophie Germain dans une famille bourgeoise de Paris. Elle se prend de passion pour les mathématiques à l'âge de 13 ans, après avoir lu un chapitre d'ouvrage sur Archimède. Elle fut particulièrement touchée par la légende de sa mort aux mains d'un soldat romain alors qu'il traçait des figures géométriques sur le sol. Autodidacte, elle se forma en mathématiques, malgré l'opposition de sa famille qui fit son possible pour l'en empêcher. Devant la détermination de Sophie, son père plia et la laissa étudier un domaine considéré comme exclusivement masculin.
Elle apprend qu'un étudiant de l'Ecole Polytechnique ne va plus en cours et demande, par correspondance et en utilisant le nom de cet étudiant, à recevoir les polycopiés distribués à l'Ecole Polytechnique, interdite aux femmes. Sophie correspondit avec certains des professeurs, dont Joseph-Louis Lagrange, sous le nom de cet étudiant absentéiste. Lagrange finit par découvrir la supercherie, mais lui conserva son amitié.
Sophie s'intéressa particulièrement au dernier théorème de Fermat. C'est en travaillant dessus qu'elle démontra ce qui fut ensuite désigné comme le théorème de Sophie Germain. Elle prit contact, toujours son nom d'emprunt masculin, avec le "prince des mathématiciens" Carl Friedrich Gauss. Lorsque l'armée napoléonienne reçut l'ordre d'envahir la Prusse, Sophie demanda au général Pernety de s'assurer qu'il n'arriverait rien à Gauss, craignant qu'il ne subisse le même sort qu'Archimède. C'est ainsi que Gauss apprit l'identité réelle de son correspondant français.
En 1811, elle présenta pour la première fois sous son vrai nom une réponse au concours de l'Institut de France sur la formulation mathématiques et l'élasticité des corps. C'est à sa troisième soumission, en 1816, que le jury considéra son travail comme satisfaisant et lui attribua comme prix une médaille en or. Médaille qu'elle n'ira pas chercher, estimant que le jury n'avait pas jugé son travail à sa juste valeur du fait qu'elle était une femme. Grâce au soutien de Joseph Fourier, elle sera la première femme autorisée à assister aux séances de l'Institut de par ses propres mérites : les autres étaient acceptées en tant qu'épouses de membres.
Elle mourra d'un cancer du sein en 1831, avant de pouvoir recevoir un doctorat honorifique de l'université de Göttingen, sur la suggestion de Gauss.
Pour en savoir un peu plus sur Sophie Germain (en ligne) :
- Article de Wikipédia sur Sophie Germain
- Philippe Etchecopar, Sophie Germain, mathématicienne (1776-1831), dans Femmes savantes, femmes de science, Florence Piron, 2014
- L'article sur Sophie Germain dans MacTutor History of Mathematics archive, une base de données biographiques sur des mathématiciens, publiée par la School of mathematics and statistics de l'université de St-Andrews en Ecosse (en anglais)
- Sophie Germain : une pionnière enfin reconnue, article publié dans CNRS le journal par Martin Koppe le 16/03/2016.
Ses écrits (en ligne) :
- Oeuvres philosophiques de Sophie Germain suivies de pensées et de lettres inédites et précédées d'une étude sur sa vie et son oeuvre, Hte Stupuy, Nouvelle édition, 1896, sur Gallica
- Considérations générales sur l'état des sciences et des lettres aux différentes époques de leur culture, Sophie Gemain, 1833, sur Gallica
- Remarques sur la nature, les bornes et l'étendue de la question des surfaces élastiques , et équation générale de ces surfaces, Sophie Germain, 1826, sur Gallica
- Correspondance de Sophie GERMAIN avec les mathématiciens et savants Cauchy, Delambre, Fourier, Gauss, Le Gendre, d'Ansse de Villoison, etc, 1801-1900, sur Gallica
- Papiers de Sophie GERMAIN. — Recueil de dissertations et problèmes mathématiques et physiques. Français 9115, 1801-1900, sur Gallica
- Recherches sur la théorie des surfaces élastiques, Sophie Germain, 1821, sur Google Books
Sur son oeuvre (en ligne) :
- Letters of Sophie Germain preserved in Florence, Andrea Del Centina, Historia Mathematica, Volume 32, Issue 1, February 2005, Pages 60–75
- Unpublished manuscripts of Sophie Germain and a revaluation of her work on Fermat’s Last Theorem, Andrea Del Centina, Archive for History of Exact Sciences, July 2008, Volume 62, Issue 4, pp 349-392
- Mécanique et théorie des surfaces: les travaux de Sophie Germain, Amy Dahan-Dalmédico, Historia Mathematica, Volume 14, Issue 4, November 1987, Pages 347-365
- Sophie Germain and the theory of numbers, J. H. Sampson, Archive for History of Exact Sciences, June 1990, Volume 41, Issue 2, pp 157-161
- The correspondence between Sophie Germain and Carl Friedrich Gauss, Andrea Del Centina, Alessandra Fiocca, Archive for History of Exact Sciences, November 2012, Volume 66, Issue 6, pp 585-700
- “Voici ce que j’ai trouvé:” Sophie Germain’s grand plan to prove Fermat’s Last Theorem, Reinhard Laubenbacher, David Pengelley, Historia Mathematica, Volume 37, Issue 4, November 2010, Pages 641–692
- Sophie Germain: Or Was Gauss a Feminist?, Nick Mackinnon, The Mathematical Gazette, Vol. 74, No. 470 (Dec., 1990), pp. 346-351
image : Marie-Sophie Germain (domaine public)
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