Tous les mammifères mettent-ils le même temps à uriner ? Un poulet peut-il marcher comme un dinosaure ? C’est à ces questions que ce sont attaqués plusieurs chercheurs récompensés à Harvard lors des « Anti-Nobel » 2015.La cérémonie des IG Nobels en 2014 ©IGNobelsPARTAGER266129RÉAGIR0RECEVOIR LES ALERTESHUMOUR. Pour la 25e année, le comité des « Ig Nobel » a décerné ses prix à des équipes de chercheurs « qui font rire les gens, puis réfléchir », selon la formule récurrente de l’événement, lors d’une cérémonie iconoclaste à l’université de Harvard, le 17 septembre 2015, dans le nord-est des Etats-Unis. Comme chaque année, les sujets de recherche récompensés sont un régal : Le prix de physique est revenu à trois scientifiques de l’université américaine Georgia Tech ayant établi, dans un article publié en février 2014 dans PNAS, que tous les mammifères, quelle que soit leur taille, mettaient environ 21 secondes pour uriner, plus ou moins 13 secondes. L’équipe s’est vu remettre, comme chaque lauréat, un billet de dix mille milliards de dollars zimbabwéens, coupure dont la valeur est de quelques centimes d’euros dans un pays en proie à la plus forte inflation au monde. Le représentant du groupe, affublé d’une lunette de toilette en guise de collier, a reçu sa récompense, comme les autres équipes, des mains d’un des cinq vrais prix Nobel présents, notamment le lauréat en économie en 2007, l’Américain Eric Maskin.En mathématique, le comité a choisi deux Autrichiens de l’université de Vienne qui ont cherché à déterminer à l’aide de calculs statistiques s’il était possible que Moulay Ismaïl, sultan du Maroc, ait effectivement été le père de 888 enfants, nés entre 1697 et 1727, comme le soutient la légende. Au terme de leurs travaux, appuyés également sur des éléments historiques fournis, les chercheurs ont conclu qu’il était possible humainement et statistiquement que le sultan ait bien engendré cette descendance record, lui qui s’était entouré de 4 épouses et d’un harem d’environ 500 concubines. Leurs travaux ont été publiés en février 2014 dans la revue Plos One. Cette même revue a eu l’insigne honneur de voir publié dans ses pages un autre article lauréat dans la catégorie biologie. Un groupe de cinq scientifiques chiliens et américains, pour l’essentiel travaillant à l’université de Santiago, y explique, vidéo à l’appui, qu’un poulet équipé d’une queue artificielle adoptait une démarche similaire à celle d’un dinosaure.
Le prix de chimie a été remis à une équipe dont nous vous avions parlé en janvier 2015 : un procédé permettant de « décuire » un oeuf dur, en le couvrant au préalable d’urée, le principal déchet organique que nous éliminons dans l’urine. Dans la catégorie médecine, une équipe internationale a été récompensée sur ses nombreux travaux (pas moins de quatre études, ici, ici, ici, et là) sur les bénéfices physiologiques sur l’organisme du baiser passionné et des relations sexuelles. A également été récompensée une méthode de diagnostic originale pour diagnostiquer une appendicite : franchir un brise vitesse en voiture. Si le patient hurle, il y a des chances pour qu’il soit malade, d’après ces travaux publiés dans le British Medical Journal. En entomologie, c’est le courage qui a été récompensé. En effet, Michael L. Smith n’a pas hésité à se faire piquer par des abeilles à différents endroits du corps (lèvres, tétons, testicules et pénis compris) afin d’établir un index de douleur. D’après cette étude, la narine est l’endroit le plus douloureux (indice de douleur à 9) suivi de la lèvre supérieure (8,7) et du pénis (7,3).
Outre des chercheurs, le comité a couronné un acteur institutionnel, la police de Bangkok (Thaïlande). Après son arrivée au pouvoir en mai 2014, à la faveur d’un coup d’Etat, la junte militaire a promis de s’attaquer au fléau de la corruption, particulièrement répandu dans la police. A cette fin, a notamment été instaurée, fin 2014, une prime attribuée aux policiers refusant un pot-de-vin. La mesure a été récompensée par les organisateurs des Anti-Nobel.
Source : Ig Nobel : la cuvée 2015 est arrivée – 18 septembre 2015 – Sciencesetavenir.fr