Il y a 60 ans, le 17 mars 1956, s'éteignait une des scientifiques françaises les plus connues : Irène Joliot-Curie. Fille aînée de Pierre Curie et de Marie Curie (née Sklodowska), elle naît le 12 septembre 1897 à Paris.
Durant la Première guerre mondiale, elle aide sa mère à effectuer des radiographies des blessés pour localiser les balles et autres débris avant que les chirurgiens n'opèrent. Elle en profite pour passer le diplôme d'infirmière. En 1918, tout en continuant ses études, elle entre à l'Institut du radium en tant que préparatrice pour sa mère. Elle soutiendra en 1925 sa thèse sur les rayons alpha du polonium. Elle épouse en 1926 Frédéric Joliot et ils travailleront désormais ensemble.
Leurs travaux leur permettront en janvier 1932 de découvrir un phénomène de projection de photons. Leur interprétation erronée permettra à James Chadwick de découvrir le neutron un mois plus tard. En 1934, ils découvrent les premiers éléments radioactifs artificiels. Cette découverte leur vaudra en 1935 de recevoir le prix Nobel de chimie. Elle mènera aussi à la mise au point des isotopes médicaux.
Irène mènera avec Pavel Savitch des recherches sur les isotopes créés par bombardement de l'uranium. Les publications qui résultent de ces recherches ont permis la découverte de la fission de l'atome par les allemands Otto Hahn et Fritz Strassman en collaboration avec Lisa Meitner.
En 1936, elle est nommée sous-secrétaire d'Etat à la recherche scientifique. Elle fait partie des trois première femme à entrer au gouvernement. Il est intéressant de se souvenir qu'à cette date, les femmes françaises n'ont pas encore le droit de vote. Elle ne restera par choix que trois mois, mais elle a commencé à travailler sur le projet de création du CNRS, qui sera repris par son successeur, Jean Perrin. Elle augmentera aussi les salaires et les moyens des chercheurs.
En 1937, elle remplace son mari en tant que maître de conférence à la faculté des sciences de Paris. En 1946, elle prend la tête du laboratoire de physique-chimie de l'Institut du radium. Un mois plus tard, elle obtient la chaire de physique générale et radioactivité de la faculté des sciences. Elle travaillera sur un projet de laboratoires plus vastes près d'Orsay, afin d'y accueillir des accélérateurs de particules, mais elle décèdera avant la fin des travaux.
A la création du CEA en 1948, elle fera partie des premiers Commissaires à l'Energie atomique nommés pour un mandat de six ans. Il ne sera pas renouvelé pour Irène Joliot-Curie pour cause de sympathies communistes.
Elle milita contre l'utilisation militaire de l'énergie atomique et reçut en 1950 le prix international de la paix. Elle était membre de l'Union des Femmes Françaises, un mouvement féministe qui prône la parité entre hommes et femmes.
Elle mourut le 17 mars 1956 des suites d'une leucémie due à sa longue exposition aux radiations.
Pour en savoir plus :
La page dédiée du site web de la fondation du prix Nobel sur Irène Joliot-Curie.
Le site web du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche sur le prix Irène Joliot-Curie, qui souligne l'importance des femmes dans la vie scientifique française.
Un texte de Françoise Balibar, professeur émérite à l'Université Paris VII, écrit à l'occasion des 50 ans de la mort d'Irène Joliot-Curie.
L'hommage à Irène Joliot-Curie, diffusé à la télévision le 21 mars 1956, sur le site de l'INA.
Irene Joliot-Curie, une féministe engagée ? Article de Louis-Pascal Jacquemond publié dans Genre & Histoire [En ligne], 11 | Automne 2012, mis en ligne le 02 août 2013, consulté le 7 mars 2016.
Marie Curie et Irène Joliot-Curie. Le féminisme arcouestien, Article de Christine Bard, Revue de la BNF 2/2009 (n° 32), p. 30-41.